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Le sapin penché.
Ah… Je me sens si seul…
Tous mes frères sont partis en traîneaux
Pour parer les maisons du hameau.
Illuminés, habillés d’angelots,
Ils scintillent devant la fenêtre à carreaux
On leur a fait une place de choix
Au grand salon, comme il se doit.
Autour d’eux, des enfants aux yeux écarquillés.
Ah… Moi je suis seul et givré…
Pour lustrer leur rameaux d’hiver
Tous ces jours qui seront festivités,
Ils ont le tronc au vert
Dans un seau d’eau toujours renouvelée.
Ils servent même de garde-manger
Avec aux branches suspendus
Des noix, des fruits, des chocolats emmaillotés.
Ah… Moi je suis seul et bien nu…
Que je vous dise ce que j’ai entendu
Quand tout le village est venu :
« Regarde il a le tronc penché. »
« Oui et les branches de l’autre côté. »
« Serait-il bois de cheminée? »
« Mais non ! Trop gominé. »
« Bon! On en fera du plancher. »
Ah… Que je suis seul et mal aimé…
Pourquoi un vent de tonnerre
M’a-t-il semé de travers
Sur un coteau à sol de pierre ?
À qui la faute ce pied déhanché,
Ce faîte au 45 degrés ?
Je suis telle la grue et son bras
Attendant la casse en petit bois.
Ah… Je suis seul et mal formé.
« Regarde grand-papa,
Il est un peu penché comme toi.
Son ramage est joufflu, son faîte pointu.
Qu’en dis-tu ! »
« J’en dis qu’on le couchera sur un pied en croix,
Que son gabarit en deviendra droit.
Qu’on l’habillera comme un roi. »
Ah ! J’ai une famille dont je ferai la joie.
Éloix
2011/12/10
Musique: Tears in your eyes, winter sonata.
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Commentaires
A toute chose malheur est bon dit-on !