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Nuit glacée
Toutes les fenêtres sont voilées,
L’une est d’or
De ses draperies mordorées,
L’autre dort
Dans son voile basané.
Les balcons sont déserts,
Les arbres en suaires,
C’est l’hiver.
La neige,
Mourante et boueuse ce matin
S’est ressuscitée d’un blanc crachin.
La neige,
Telle l’aube du baptisé,
Chasse les noires pensées,
Elle invite à nocer.
Mais les rues sont déjà vides,
Les rares piétons sont livides,
Aux visages blancs de lune,
Emmitouflés d’un collet de brume.
Les voitures font tourner leurs pantoufles
Sur un tapis de mousse,
Craquetant parfois
Sur un glacis de froid.
Le regard,
Il voit près
Les jeux, les bancs du parc,
Sans enfants, sans cris hagards.
Il voit loin
Les bois, le lac,
Sans patineurs, sans feux fêtards.
Le regard,
Il plonge sur la ville,
Immobile,
Fixant le lampadaire,
Petit halo de lumière
Écartant la nuit
Tel le rideau de la scène
Où feront comédie,
Ou grimaces obscènes,
La Troupe des fantômes et esprits
Pour quelque écot de cris.
Le regard,
Il cherche sur le bord des toits
Les éclats scintillants
Des glaçons en Damoclès, menaçants,
Qui n’attendent que le soleil-roi
Pour fondre sur tout passant.
Toutes les fenêtres sont voilées,
L’une est d’or
De ses draperies mordorées,
L’autre dort
Dans son voile basané.
Le regard,
Il porte vers les cieux,
Vers sa Vénus aux yeux bleus,
Il est tard….
pad
2020-02-09
Les vieux papiers
rue de Montréal
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