Je n’ai pas le souvenir des âges de mes premiers Noël c’est bien certain.

Mais ce que j’ai de souvenirs de ces jours de fêtes sont ceux-ci :

Noël c’était :

C’était le sapin baumier qui, un soir de décembre, envahissait le salon de son odeur des forêts enneigées et de cette froidure qui réchauffait les cœurs et les âmes aux approches de Noël.

Car Noël c’était aussi la promesse du rapprochement des gens, petits et grands, autour d’une table bien garnie, une fournée d’échange de vœux chaleureux et un bisou vivement volée à notre cousine du cœur, jalousement conservé sur la joue pendant toute une nuit, tel un gage de fidélité, une promesse d’aimer encore toute une année.

C’était tous les enfants, petits et grands, photographiés au pied de l’arbre géant et dodu, tels des cadeaux offerts aux parents par un Dieu d’amour et prospérité.

C’était avant tout cela la visite à la crèche pour y découvrir encore une fois un enfant nouveau-né que l’âne et le bœuf réchauffait de leur souffle braisé. C’était l’ange recevant vos dons en vous remerciant de sa tête vous faisant courbettes.

C’était cette Messe de Noël qui n’en finissait plus de finir tellement l’attente du Réveillon semblait longue et impatiente.

Mais quand le ténor de Noël entamait le Minuit Chrétien toute la nef volait en éclat sous la pluie des étoiles qui tombaient sur nous pour en faire scintiller nos yeux, chatoyer nos habits du dimanche et bruler nos cœurs d’un amour infini; l’amour n’était pas que pour ce Dieu Enfant mais aussi Tous autour de nous.

Alors le prêtre et sa suite se rendait à l’étable pour y déposer l’enfant que tous allaient honorés de leurs vœux, de leur foi en son devenir et le leur, des joies d’une année passée et de la nouvelle à venir et ses promesses blanches et pures comme ces flocons de neige dehors tombant des cieux bleus de nuit, tel des confettis sur le mariage des hommes et des dieux, versés par tous les anges de l’univers.

Une fois rentrés à la maison le long défilé des voitures qui arrivaient l’une derrière l’autre imitait un train de passagers arrivé à la gare du hameau des célébrations.

Noël c’était ces êtres chers que l’on n’avait peut-être plus rencontrés dans l’année écoulée, c’était le partage de leur fraternité, leur parenté, leur amitié, la douce tiédeur de les aimer.

Le Réveillon consommé, l’arbre généreux de ses fruits dépouillés, cadeaux et bonbons sucrés, les plus petits s’enveloppaient de rêves comblés dans les bras l’un de l’autre sous les manteaux déposés dans les chambrées ou même sur le plancher, tout habillé.

Noël c’était tout ce qu’on a oublié depuis, écarté ou escamoté, d’une Fête qui voulait avant tout célébrer la Croyance, la Force de l’amour et la famille, le chemin parcouru du passé au présent par des enfants devenus parents d’un cadeau des dieux : l’enfant dans toute son innocence, ses rêves, son insouciance et son sourire d’ange.

Noël c’était des rêves royaux, écarlates de l’amour et ses saints vœux.

Paul-André

Musique : It is Christmas.