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Le pauvre, Yves Drolet
Je ne suis qu'un pauvre
Qui pleure les heures
Qui vont s’égrainant sans demeure
L’astre fuyant
Au firmament
Jamais ne s’arrête
Et meurt dans sa course
Sans jamais savoir ou il va
L’homme
Comme l’étoile filante
Parcours le ciel
Sans jamais ne rien savoir d’ici bas
Comme l’homme contemple le ciel
Sans jamais savoir
Regarder la courbe de nos pas
Considérer le geste
Presque téméraire d’être ici bas
Comprenez que demain n’est pas
Que jamais il ne vient
Que jamais il ne reste
Que ne demeure
Que l’instant d’évoquer son passage
Qui ensuite se dérobe
Et nous laisse sans voix.
Je suis le temps
Que je te dis toi
le temps
Je ne suis que le temps de croire
Et d’inscrire dans le temps
Moi
Je suis
Et ensuite cette feuille
Comme la feuille à l’automne
je vais reverdir la terre de mes ancêtres…
et disparaître…
Et si un jour par hasard
quelqu’un, quelque part
dans le désert des combles
et des salles silencieuses
de ces antres
ou l’on ensevelit l’espace de livres
qui ne disent qu’un passé ailleurs
Si un jour quelque part
Ces mots refont surface
Alors de nouveau j’existerai
Limpide comme le cristal de ma conscience
Qui ne s’ignore
Et sait le destin de sa brève lumière
Je suis
Et ensuite vous m’oublierez
Pour revenir à votre propre moi..
Et à votre tour vous répéterai avec espoir
Je suis
N’ayant aucune illusion, j’espère
Sauf celle d’être heureux
Comme moi
De l’affirmer face au néant
Et d’avoir pu
Lui arracher une seconde de conscience
Une seconde de LUMIÈRE
Et d’avoir ÉTÉ
YVES DROLET
mercredi 6 mars 2019
mp3 : eternité
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