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Le Clown.. René-Jeanne Mignard.
Renée-Jeanne Mignard
Le Clown
Sous le grand chapiteau d'un cirque de province,
Pailleté, embrasé par l'or des projecteurs,
Au milieu de la piste, une silhouette mince
Attire le regard de tous les spectateurs.Crâne de carton peint, touffe de cheveux roux,
Gros nez rouge d'api et pommettes vermeilles,
Bouche cernée de blanc fendue jusqu'aux oreilles,
C'est Monseigneur le Clown qui paraÎt devant vous.
Un pantalon trop long plisse sur ses chevilles.
Du veston étriqué aux revers bien trop grands
S'échappe un vieux foulard, misérable guenille,
Qui jusqu'à ses genoux pend lamentablement.Ses souliers sans lacets baillent de la semelle
Et le font trébucher sitôt qu'il fait un pas.
Le joli numéro qu'il vient de faire là !
Il sait jongler, siffler, jouer du violoncelle,
Du cor, de la trompette et du bandonéon,
Fait de l'acrobatie sur un petit vélo,
Maintient en équilibre un énorme ballon
Qui bondit drôlement sur un mince jet d'eau.Il casse des assiettes et fait le grand écart.
Roulement de tambour, voici l'apothéose,
Et quand dans un grand cri, tout le public explose,
On lit dans ses yeux doux alourdis par le fard
Beaucoup d'étonnement et de reconnaissance,
Comme s'il s'excusait d'être tant applaudi.
Puis il quitte à regret les grands et les petits,
Sur un dernier accord, un dernier pas de danse.Merci, Monsieur le Clown, Auguste attendrissant.
Qu'à l'usure du temps, ton étoile subsiste.
Nous pourrons rire encore à tes jeux innocents.
Et jusqu'à te revoir, salut ! Salut, l'artiste !Renée-Jeanne Mignard
(c)
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