Glacé

 Quelques relents des Fêtes
Traînent devant les maisons
L’hiver redevient une saison
Avec toute sa froidure
Ses grippes, ses engelures
 
Polaires deviennent les nuits
Les matins enneigés
Les jours au soleil muets
L’aube figée dans le givre
Le couchant brûlant seulement
Au firmament
Sans aucune chaleur pour nous
 
Ah! Que ces temps sont loin
Où bien emmitouflé
Nous bravions ces jours glacés
En bâtissant des châteaux
Pour les livrer à la guerre aussitôt
Que les temps sont loin
Où nous chaussions les patins
Pour valser sur la glace du ruisseau
Aux bras de l’Infante adorée
 
De ma fenêtre, bien enveloppé
Je contemple la nuit du retour
Des grands froids de janvier
Qui, sans pitié, nous griffera au visage
De son air piquant et sauvage
Je voudrais tant retrouver cette vigueur
Des jours meilleurs de mes hier
Mais tant d’hiver sont passées depuis
Que tout est resté dans la noirceur, derrière
 
Dans quelques semaines viendra le Carnaval
Cet autre temps de Fête où tout est permis
Où coule à flot le Caribou au fond de la gorge
Telle une rivière s’engloutissant dans un abysse
Et poussant le sang à bouillir dans ses veines
Gare à vous le coma vous guette au coin de la rue
Mais je n’irai pas à cette pause
Plus maintenant j’ose
Tout mon être s’y oppose
Dans cette blancheur, absent est le rose
 
Qu'à cela ne tienne
Je regarderai la parade à ma fenêtre
Je ferai un peu bombasse du vin blanc
Pour irriguer ces cheveux blancs
Pour saluer les fêtards passant
De ma voiture j’irai voir les sculptures
Ciselées dans la glace de l’Arctique
Visitant la contrée
Pour ne pas nous laisser oublier
Que le vrai hiver garde son droit
De nous fouetter du froid 
 

 
Pad
2020-01-17