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Eau de cristal, Michel Pepe
La balançoire
La balançoire danse à la branche du chêne,
Le vent la fait vibrer quand maussade est le temps,
Si quand l'automne vient, l'orage se déchaîne,
Elle pleure, on dirait, d'être seule longtemps.Elle pense aux beaux jours de la saison dernière,
Quand le soleil de juin dorait les alentours,
Que les petits faisaient l'école buissonnière,
Pour venir l'enlacer, y faire quelques tours.Elle les attendait, pour elle quelle aubaine
Quand l'enfant s'asseyait sur sa planche de bois,
Elle les balançait de semaine en semaine,
Avec plus de vigueur, plus d'élan chaque fois.Ils étaient ses amis, elle aimait les entendre,
Pousser des cris de joie, et puis se chamailler
Quand un bambin têtu ne voulait plus descendre,
Ils étaient furieux, et prêts à batailler.Cela ne durait pas ; et tout ce petit monde
Se faisait, pour plus tard, de bien beaux souvenirs.
Leur enfance était belle, une éternelle ronde
D'heureuse insouciance, et de menus plaisirs.Aujourd'hui c'est fini, la maison est vendue,
Des gens d'un certain âge, et pas un seul enfant,
Le balançoire est là, seulette, toute nue,
Elle n'attend plus rien sous le soleil couchant.La balançoire est triste, à la branche du chêne,
Aux anciens jours heureux elle pense souvent,
Elle espère qu'un jour si le ciel se déchaîne,
Il la fera périr dans un grand coup de vent.Le grain de sable
La vie a des à-coups imprévus et sauvages,
Tout est vraiment parfait, et puis c'est le revers,
Il suffit de bien peu pour fausser les rouages,
Un petit grain de sable, et tout va de travers.Hier tout allait bien, l'existence était belle,
Remerciant le ciel pour sa grande bonté,
Vous alliez droit devant, sans aucune querelle,
Aujourd'hui c'est l'adieu à la sérénité.Comment est-ce arrivé, et quel est l'origine
De cet éclat soudain dans le bonheur du jour,
De ce malentendu qui vous fait grise mine,
Lequel en grandissant met à mal votre amour.Dans la plupart des cas, bien difficile à dire,
C'est un mot malheureux, un geste maladroit,
Un mensonge éhonté qui vous a fait sourire,
On se tourne le dos, moins unis qu'on le croit.Cela durera peu, peut-être un couple d'heures,
Quand on aime on ne peut rester fâchés longtemps,
Il dira, "dans mes bras viens, pourquoi tu pleures " ?
Elle ne dira rien, elle prendra son temps.Elle lui sourira, sans lui cacher ses larmes,
Il la regardera avec grande douceur,
Alors, pour retrouver la tendresse et ses charmes,
Elle se blottira, douce contre son coeur.Tout sera pour le mieux, mais la prochaine scène,
Les blessera plus fort, et c'est là le revers,
C'est fragile, un amour, pour peu qu'on le malmène,
Un petit grain de sable, et tout va de travers.25 octobre 2011
La vieille pendule
C'est une très vieille pendule,
Quand je suis née, elle était là,
Rythmant, dans le grand vestibule
Les heures du temps ici-bas.Elle était, m'a-t-on dit naguère,
Dans la famille en continu
Puisqu'à mon arrière grand-mère,
L'horloge avait appartenu.Dans les jours heureux de l'enfance,
Elle était vivante à mes yeux,
Et je venais, dans le silence,
Écouter son tic tac joyeux.C'était le balancier de cuivre
Se mouvant qui me fascinait.
Oui, la pendule semblait vivre,
Et c'était son coeur qui battait.Que de fois dans mon existence
Je lui ai conté mes émois.
Je lui en faisais confidence,
Tout contre son ventre de bois.Comme elle a fort bonne mémoire,
Elle pourrait nous dire tout
Sur ma famille et son histoire,
En deux cents ans ça fait beaucoup.Cela peut sembler arbitraire,
De vouer un tel sentiment
A un objet plus qu'ordinaire,
Passé de mode, assurément.Mais de la raison je me moque,
Car dans la maison je la vois,
Elle est encor de notre époque,
Cette pendule d'autrefois.25 décembre 2013
(Photo "La Comtoise", R.-J. Mignard)
Relativiser
Bien des événements, au cours de notre vie,
Nous touchent, nous agressent, ou nous font pavoiser.
Mais plutôt qu'éprouver tristesse ou frénésie,
Mieux vaudrait rester neutre, et relativiser.Oui, cela vaudrait mieux, mais ce n'est pas facile
De changer son humeur et son tempérament,
Sur tout ce que nous vaut cette époque imbécile,
On ne peut malgré soi rester indifférent.Mais ne serait-ce pas le meilleur exutoire,
Contre la violence et la fatalité ?
Rien ne pourrait jamais heurter notre mémoire,
Gage de paix de l'âme , et de sérénité.Un tel comportement, bien que très confortable,
A l'état de robot bientôt nous réduirait,
Ignorer notre coeur, non, ce n'est pas pensable,
Devant un tel constat, qui ne réagirait ?Alors laissez parler votre propre nature,
Riez, pleurez, criez, sans trop analyser,
Et puis souvenez-vous ; dans cette conjoncture,
Qu'il n'est pas toujours bon de relativiser.6 janvier 2014
http://rj-mignard.fr
(C)
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Quand le soleil se couche sur la mer
lèves toi homme de peu d'envie
ensemble, levons nous et admirons
cette terre, cet horizon
cette immensité si belle
jusqu'à quand ?
Admires et fais silence
tais ton âpre chagrin
tes peurs, tes regrets
tout ce qui te tourmentes
regardes intensément
ce que l'au delà nous offre
encore
et encore
cet inestimable cadeau...
Réfléchis à ce monde
qui a besoin de nos soins
pour demeurer
intact
et que nos enfants aient la chance
de contempler un tel enchantement...
© Marine DussarratMusique: Summer fades away, Yukiho
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Des espaces et du temps
Des forges de l’univers
Du magma de l’Éther
Je suis
Tu es
Nous sommes
Sur toutes ces Terres
Mon sang coule en rivière
Nourrissant tes chairs
Incandescent dans tes noirs
Lumière dans tes espoirs
Certains t’ont dit que j’étais Dieu
Que tu étais façonné de cette poussière
Trainante parmi les cieux
Que j’étais ton Père et même ta Mère
D’autres t’ont dit que j’étais imaginaire
Tel un rêve qui à l’aube s’efface
Qu’il valait mieux que tu vénères
Le sol de ton moule
Le Feu des astres
Que tu pries le soleil
Que tu suives la foule
Fuis ! Tu vas au désastre
Car moi je ne suis que si tu es
Et tu n’es plus
Tu m’as oublié
Et tu n’es plus
Tous tes mondes ne sont plus
"Tu es Homme
Je suis l’Infini
Tu habites en moi
Et je vis en toi
Nous sommes un Tout
Infini "
pad
«L’homme est un être projeté à l’infini, vers une entreprise héroïque dont la progression a pour but l’union avec la divinité, le retour à l’unité super substantielle. « Giordano Bruno »
Musique : Agnus Dei,
Image : www.revue-acropolis.fr
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