• Message d'amour

     

    Message d’amour.



    Vient la nuit de Noël
    S’allument toutes les bougies du ciel
    Pour tracer la route des visiteurs
    Vers sa demeure.

    Elle a préparé le réveillon
    Un petit goûté sans façon
    Illuminé le salon
    Décoré la maison.

    Elle s’est faite toute belle
    Si belle
    Que même le visage de sa jeunesse
    Ne se reconnaîtrait plus en elle.

    L’heure avance à grand pas
    Le cœur bat
    « Vont-ils venir chez moi ?
    Moi, que l’on oublie chaque fois. »

    Le feu ronfle tout bas
    L’ambiance est à la foi
    Elle attend dans l’émoi
    Une présence, un peu de joie.

    Minuit s’en va
    La nuit avance à grand pas
    Ils ne viendront pas
    Encore une fois

    Elle désespère d’être délaissée
    Se met doucement à pleurer
    C’est ainsi chaque fois
    Pourquoi, pourquoi ?

    Elle éteint les lumières
    D’une bougie s’éclaire
    Plonge son regard
    Au cœur de sa douleur.

    Qui lui dira
    Qu’à mille lieux de son toit
    Une bougie veille avec elle, chez toi, chez moi.
    Qui lui dira ?

    « Vous n’êtes plus seule Madame… »

     

    Éloix

     

    Sharon Drury: A Message of love (mp3).

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  • JiYeux Noel !

     

     

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  • Noel en ces bons temps, pad.

     

     

    Il y a toujours un souvenir
    Qui persiste dans l’avenir
    D’un premier Noël,
    Le tout premier qu’on se rappelle.

    Peut-être étais-je encore à l’âge préscolaire,
    Où est-ce la « première » ?
    Mais c’était un dur hiver
    À la neige abondante, au froid de misère.

    Pas de doute : Noël serait tout blanc.
    Et moi, l’enfant,
    Avec toute l’énergie du croyant,
    Je priais l’autre Enfant :

    « Je ne sais pas ce que je veux…
    Dehors j’ai mon Bonhomme, mes amis, mes jeux;
    Dedans, j’ai chaud, je mange tant que je veux,
    J’ai une grande famille… Je pense être heureux.
    Mais si tu le veux,
    Laisse-moi… Hum… Qu’importe ! Ce sera merveilleux. »

    Cette époque était de celles d'un Picsous*
    D'un avaricieux propriétaire d’usine
    Où la moitié d’une ville sans le sou
    Fabriquait la soie, la mousseline.

    Et tout comme ce rustre vieillard
    Pour qui le profit pesait plus que la vie
    À l’approche de Noël, son cœur adouci,
    Préparait une grande Fête pour ses apprentis.

    Elle avait toujours lieu le samedi
    Précédant le Jour béni
    Et seules les familles des employés
    Étaient invités en nombre déterminé.

    Car grande étaient les familles en ces temps…

    Un samedi donc, une de mes sœurs me dit :
    « Viens et ta petite sœur aussi;
    On va à l’usine voir le Père Noël. »
    Vous imaginez ? J’étais au ciel.

    On a marché dans la neige tous les trois,
    Marmottant tous les Chants,
    Gambadant, léger comme des cerfs-volants,
    Sans même sentir le grand froid.

    On est enfin arrivé à la Grande Usine
    Où, après avoir enlevé nos paletots et bottines,
    Un gros chocolat chaud nous fut servi,
    Des petits gâteaux, des fruits, c’était le Paradis.

    Le Grand Président a fait son discours,
    La chorale a chanté tout son amour
    Et tous se sont rapprochés
    De l’immense sapin illuminé.

    Nous vivions un conte de Fée
    Les yeux grands, d’émois presque étouffés.
    S’est avancé le gendarme Casse-Noisette,
    En bandoulière un sac plein de lettres…

    En grande pompe le Père Noël l’a suivi
    Sur le dos, une poche bien garnie.
    Mère Noël, les lutins… Tous les amis.

    Les aides vidèrent le grand sac sous le sapin,
    Le gendarme prit son air hautain,
    Prit les lettres en mains
    Et se mit à appeler les gamins…

    Puis mon tour vint
    D’aller m’assoir sur les genoux du Père Noël,
    De recevoir mon butin
    Et prestement déguerpir comme un lapin.

    Ce ne fut pas long;
    Le ruban et le chou s’envolèrent,
    Le papier finit en chiffon…
    Et ce fut la révélation …

    Un avion !

    Je vais taire notre retour à la maison
    Car de cet instant d’éblouissement,
    Plus rien ne reste à ma mémoration
    Que l’avion et la dinde reçue comme de raison.

    Vous direz…

    Il en a fait des voyages,
    En a visité des mirages,
    En a plané des nuages…

    Imaginez !
    Un avion chasseur
    Qui fait du bonheur…

     

    MP3: Good Times.

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  • O Neige !

     

     

    ... Neige pour mon enfant.

     

     

    Il y avait près d’une année d’écoulée depuis la soirée de Bal et le mariage du Prince et de Cendrillon…

    Cendrillon et lui attendaient la naissance de leur premier enfant dont les Oracles avaient prédit qu’il serait un garçon. On était en décembre et cette naissance devait avoir lieu dans la dernière semaine du mois.

    Cendrillon qui, avec Maggie sa Dame d’Honneur et future préceptrice de l’enfant, avait amoureusement préparé les appartements de son fils à naître au château ; quelques oursons et petits animaux de la forêt attendaient patiemment de le rejoindre dans son berceau pour réchauffer son petit corps frileux dans ses nuits déjà livrées à l’hiver. Ici et là des étoiles lumineuses, des glaçons et des moutons de neige laineuse paraient les murs et meubles de la chambre bien spacieuse pour un tout petit bout d’humain encore à venir.
    L’enfant était attendu dans les heures de Noël et Cendrillon souhaitait que tout soit blanc et pur pour l’accueillir. Aussi les draps, oreillers et couvertures de son berceau avaient été choisis dans le coton le plus fin et le plus blanc qui puisse se trouver dans le Royaume.

    Pour Cendrillon et le Prince, le blanc signifiait une naissance sans tache et de ce fait un futur de même nature pour le Petit Prince.
    Mais Cendrillon avait souvent les larmes à l’œil et le Prince s’en inquiéta en lui demandant la raison de cette tristesse en ces jours approchant sa délivrance.

    "C’est que, mon Prince, dehors tout reste gris, noyé dans la pluie et je voudrais tant que tout y soit blanc comme les draps de son lit… Ainsi, il s’en verrait comblé de bonheur pour tous ses jours. Décembre est là, les nuits sont froides mais les jours trop doux et la neige ne veut pas neiger… Qu’en sera-t-il de la « pureté » de sa naissance ?"

    Caprice ou superstition, les craintes d’une mère ne peuvent être ignorées…

    Le Prince envoya donc tous ses navires en Antarctique y remplir leurs cales de la neige la plus pure, la plus blanche, la plus cristalline qu’ils puissent y trouver avec ordre de ne revenir que le 23 décembre pour l’étaler sur toutes les pelouses du Château et du village à ses pieds. Une myriade de navires vogua vers ces lieux, tous fiers de pouvoir contribuer aux fêtes qui suivraient la naissance de leur Petit Prince.

    Ce ne fut pas une mince affaire que de remplir les cales à la pelle, mais chaque membre d’équipage y mit tout son cœur pour qu’ainsi soit fait.

    Au moment dit, les navires, chargés à ras bord de la plus belle neige jamais vue encore par les gens du Royaume, se placèrent sous le vent du retour qui, collaborateur de leur œuvre, les ramena tous au port sans qu’un seul flocon ne soit perdu.
    Enfants, vieillards, pères et épouses se rendirent au port avec multiples charrettes et pelles pour extraire la précieuse marchandise des cales et l’épandre partout au village. Même le Prince releva ses manches et participa à la corvée.

    Vers la 11e heure, tout fut achevé et un énorme sapin de Noël fut érigé sur la Place pour illuminer toute cette blanche poudrée, pendant que des oh et des ah fusaient de tous les gosiers. Cendrillon qui regardait de la fenêtre de la chambre du Petit Prince en était tout émerveillée, oubliant du coup toutes ses anxiétés.
    Tous rompus de fatigue, ils allèrent bientôt se coucher. Les hommes ronflèrent comme des ours, les femmes rêvèrent à la naissance de leur premier enfant et les enfants aux proches étrennes sous le sapin, placées là, pour eux, par leurs parents, Le Prince et la Princesse.

    Alors, le Froid Hiver s’est approché de ce village où tout brillait d’un blanc immaculé… Lui qui n’avait pas encore neigé se demandait bien d’où provenait cette pelisse blanche. Suspectant quelque magie noire (ou blanche) d’une sorcière au service du Seigneur des lieux, il s’avança par la mer jusqu’au port. Voyant l’armada de navires qui y étaient encore ancrés et leurs vergues glacées, il comprit rapidement qu’on l’avait déjoué de sa pingre performance.
    Rageant de colère envers ce peuple trop ingénieux à surmonter les aléas de ses humeurs, il repartit vers le grand large d’où il revint en poussant tous les nuages du ciel au-dessus du village endormi pour y déchaîner le plus gros orage jamais vu ,et verser un déluge de pluie sur cet infâme Bourg.

    Même les grands éclairs zébrant le ciel ne réussirent à éveiller quiconque dans les maisons, tous assommés du labeur accompli.

    Au Château, Maggie, qui ne dormait que d’un œil en craignant les premiers signes d’accouchement de Cendrillon, se réveilla en sursaut aux grondements de ce qui lui sembla presque un ouragan déchaîné. Vite elle courut à la fenêtre et découvrit les ravages de la pluie… Toute cette belle neige durement acquise fondait à vue d’œil…

    « Pourquoi, pourquoi ce malheur nous vient-il ? »
    Cendrillon en sera bouleversée à ce point qu’elle risque même de perdre son enfant, se dit-elle encore.

    L’Hiver s’en donnait à cœur de pierre et renversa même le Grand Sapin de Joie, couchant les lampadaires et tous les mâts de l’armada…

    Maggie se calma de l’émoi causé par cette vision d’horreur et s’avisa que la Fée qui avait fait de la sauvageonne une Princesse chérie de tous pourrait sans nul doute remédier à ce désastre.
    Vivement elle se rendit chez le Premier Chevalier pour l’éveiller et lui confier la mission d’aller quérir la Fée dans sa tanière des bois et la supplier de mater ce démon, qui voulait noyer le Royaume et peut-être même le Petit Prince. Il devait la supplier d'intervenir avant que l’aube ne vienne et que quiconque ne découvre les méfaits de la nuit et qu’ainsi la déprime pénètre tous les esprits.

    Éberlué et confus d’être tiré de son sommeil de pierre, il rassembla ses idées, monta son cheval tout aussi ébouriffé que lui et galopa chez la Fée.

    L’Hiver avait précautionneusement évité de répandre sa bave sur les Bois Royaux, abri de la Fée, afin de ne pas attirer son attention et ainsi provoquer sa réaction.

    Au dire du Chevalier, la Fée s’éleva immédiatement dans les airs pour y constater de ses yeux d’acier toute la méchanceté de l’Hiver déchaîné. La Neige, si péniblement acquise, n’était plus qu’une mince couche de glacis sous laquelle une boue très dense n’attendait que l’ultime fonte pour envahir le village et les cours du Château.
    Un bref instant elle fut terrassée par l’idée qu’elle ne pourrait peut-être pas y remédier par sa magie, tant le mal accompli était grand… Mais c’était sans compter sur toute la puissance des sortilèges reçus des enseignements de ses ancêtres.

    À nouveau confiante, elle ordonna au Chevalier de regagner le Château et de s’y rendormir à poings fermés, car personne ne devait voir un tel déploiement de ses pouvoirs. « Dites à Maggie qu’elle doit aussi retourner au lit. »
    Mais Maggie ne l’entendait pas de cette oreille et resta cachée derrière les rideaux de sa fenêtre…

    C’est ainsi qu’elle vit soudain apparaître dans le ciel, couvrant le Royaume du nord au sud, de l’est à l’ouest, un grand nuage blanc où se fondirent tous les nuages de pluie apportés de la mer par l’Hiver. Il était si blanc qu’on aurait dit le jour figé en l’air. Quand tous furent disparus dans le grand nuage, que toute pluie cessa, alors la neige se mit à tomber, tomber, si densément que le ciel blanc semblait lui-même descendre sur la terre. Un vent froid se leva pour bien répartir les flocons partout, partout et s’assurer de la pérennité de cette nouvelle cape de blancheur sur le Royaume.
    Quand tous les ravages furent couverts, la Fée remit le Grand Sapin debout sur la Grande Place, en alluma les lumières, replaça boules et guirlandes ,et remit en état tous les navires endommagés de l’armada.
    La neige redevint poudrerie légère et le paysage celui d’un Noël blanc en devenir.

    Finalement elle se mit en quête de l’Hiver qui avait fui en mer quand le vent glacial l’eut presque changé en banquise malgré lui.

    « Bonhomme Hiver ! Vas-tu maintenant te comporter comme ton devoir l’exige ? »
    Craignant la Fée aux si fantastiques pouvoirs, il ne dit qu’un mot : « Oui ! »

    Soupçonnant une possible duperie, la Fée l’ensorcela d’un doux sortilège : celui de neiger brièvement toutes les nuits, de celle-ci à la fin février et vola ensuite vers sa maison des boisées pour un repos bien mérité.
    Maggie, émerveillée et maintenant rassurée, retourna à son sommeil du devoir accompli.

    Le lendemain, les gens furent émerveillés de voir qu’enfin l’Hiver avait contribué à l’effort des Fêtes blanches prévues pour la Naissance et la Noël. Chacun y alla gaiment des préparations pour ces évènements.
    Maggie ne souffla mot à personne des évènements de la nuit et le Chevalier en fit autant malgré lui, car la Fée avait pris soin d’en effacer toute trace dans sa mémoire.

    Et les Fêtes eurent lieu et se conclurent comme il en avait été prévu…
    Et Cendrillon présenta à la foule assemblée le Petit Prince tant attendu.

      

      

    MP3: It's only the Fairy Tale - Mai-Hime

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  • Petite Rivière,MLN

     

     

     

    Petite rivière 

     

    Entendu parler aujourd’hui d’une petite rivière sensible qui gèle au moindre froid. Elle est étroite, elle serpente. Je l’ai vue un jour d’été, un jour chaud. Elle dormait à l’ombre de gros arbres. Aucune embarcation ne la troublait, aucun souffle ne l’agitait. Entre des berges hautes qui la protègent du vent, elle somnole inlassablement. Elle est si peu profonde que jamais une tempête ne la secoue.   

    Or, il paraît que déjà, chaque matin, elle est glacée et polie comme une belle vitre, la petite rivière. Le midi, s’il fait trop soleil, elle dégèle, mais le soir elle « reprend » et, lorsque le froid persiste, le lendemain elle reste miroir. Alors, elle est jolie à croquer. Sur ses rives, les arbustes percent une mince couche de neige blanche et forment des dessins curieux. Des touffes serrées de brindilles ont l’air de forêts naines et au-dessus de ce petit peuple de branchettes, les grands arbres dégarnis se dressent ou se courbent sur le fond clair ou gris du ciel changeant. Et ce paysage ne semble là que pour encadrer la rivière d’argent.

    Autour d’elle, le silence parfait habite à certaines heures la campagne.  

    Je voudrais l’aller voir, cette fine rivière sensible, un jour que le soleil ne ferait pas éclater les blancheurs, que tout serait vaguement embrumé. Devant ce paysage sommeillant, de même que dans une chapelle déserte, je regarderais en moi. Je serais si calme que sur ma méditation luirait la Lumière surnaturelle. En face de la petite rivière gelée, en face du paysage blanchâtre, à peine taché, j’y penserais longtemps à cette Lumière qui fit la terre changeante, les pays différents, et qui me donna le souffle à moi, petite chose de rien dans la multitude du monde, mais petite chose qui sent en elle l’immortalité d’une âme.

    Michelle Le Normand   

    Michelle Le Normand (pseudonyme. de Marie-Antoinette Tardif) naît à Québec en 1895. Elle collabore au Nationaliste, par des récits de souvenirs réunis en recueil sous le titre : Autour de la maison (1915), et au Devoir, où elle est rédactrice de la page féminine. Elle est l’auteure de chroniques de souvenirs, de contes, de nouvelles et de romans, dont Couleur du temps (1919), Le nom dans le bronze (1933) et La plus belle chose du monde (1937). Elle meurt en 1964.

     

    Bibliothèque Nationale du Québec. 

    Image: Rivière du Nord, St-Colomban.

    MP3: Good moments

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